J’ai découvert Craig Johnson par hasard et ses livres ne m’ont plus quitté depuis. Ce que j’aime chez lui ? Son humilité, son goût du travail acharné, son accessibilité, son sens de la communauté et son humanisme. Ah, j’oubliais ! Un incroyable sens de l’humour.
Tout d’abord, Craig Johnson n’est pas l’écrivain des plateaux télé, vous ne le verrez donc pas détruire en public l’un de ses confrères avec toute la prétention et le narcissisme qu’il faut avoir pour procéder de la sorte…
J’ai essayé de retrouver la citation mais sans succès. Il dit qu’il n’est pas l’écrivain à la chemise blanche entrouverte qui attend l’inspiration mais qu’il est l’écrivain qui porte la chemise bleue de l’ouvrier. Celui qui a les mains sales, la sueur qui lui colle à la peau à force de travailler et qui ne peut pas se permettre de ne rien faire parce qu’aujourd’hui «il ne le sent pas». Craig Johnson vit aux États-Unis, dans l’état du Wyoming où la nature est aussi belle qu’elle est cruelle. C’est un des états les moins peuplés et on sent que pour survivre, surtout l’hiver, on ne peut pas compter que sur soi-même, la communauté est un cœur battant. Ce qui m’emmène à un autre point : l’altruisme de Craig Johnson, l’amour et le respect de l’autre en dépit de nos différences. Vous l’aurez compris, Craig Johnson n’est pas l’écrivain du moi mais du monde, celui qui comprend qu’on ne peut se connaitre qu’à travers notre rapport à l’autre et à notre environnement. On est bien loin des intellectuels au chaud dans leur bureau et barricadés dans leurs bibliothèques. Je n’ai rien contre ces dernières, j’adore les livres, cependant je suis contre l’élitisme qui parfois sévi dans le milieu littéraire.
Parlons de ses livres. Le premier roman s’appelle The Cold Dish (2005). Le titre fait référence au proverbe «la vengeance est un plat qui se mange froid». Le Shérif Walt Longmire enquête sur la disparition de Cody Pritchard. On le retrouve mort près de la réserve cheyenne. Quatre années auparavant, avec un groupe d’amis, Cody Pritchard avait été soupçonné du viol d’une indienne handicapé, Melissa Little Bird. Parce qu’ils étaient blancs, riches avec des parents aux relations puissantes, Cody et ses amis avaient été acquittés. Non seulement Walt Longmire doit trouver qui cherche à se venger mais jouer l’équilibriste entre deux communautés que tout oppose. Vous comptez trouver un roman monochrome ou tout est «hypermega» noir ? Vous allez être déçu… Les personnages de Craig Johnson sont vivants, pleins de nuances et hauts en couleurs, comme vous et moi. La vie les gifle ? ils pleurent cinq minutes, ils se relèvent et ils en rient ensuite. Mieux que quiconque, ils comprennent les choix qu’il faut faire pour survivre. Si j’étais vous, j’achèterais ce roman aussi vite que possible.
Maintenant, passons à la vision de l’écriture qui habite Craig Johnson.
1. Take joy every day in your chance to write.
Apprécie chaque jour la chance que tu as d’écrire.
2. Write every day
Écris chaque jour.
3. Cast your characters before your write the first word.
Fais passer une audition à tes personnages avant d’écrire la première ligne.
J’adore !
4. Readers like a character with a sense of humour.
Les lecteurs aiment les personnages avec un sens de l’humour.
5. Do your research first… but don’t let the research interfere with your writing.
Fais d’abord tes recherches, mais ne laisse pas tes recherches perturber ton écriture.
6. Don’t rewrite as you go.
Écris d’abord, corrige ensuite.
7. Pacing is not just about speed.
Le rythme du roman n’est pas juste une question de rapidité.
Ce ne sont que quelques principes, mais je les trouve tellement vrais.
J’ai lu presque dans on intégralité l’oeuvre de Craig Johnson, environ treize romans, sans compter les nouvelles. Voilà mes petits favoris : The Highway man (2016) , pour son humour, son immersion dans la culture amérindienne et le soupçon de paranormal.
Wait for the signs (2014) , une collection de nouvelles. Mon coup de cœur serait celle qui aborde les derniers instants de la femme de Walt Longmire, où l’amour inconditionnel, la tendresse, leur complicité semblent plus forts que la mort.
J’espère vous avoir convaincus de lire Craig Johnson, certains romans sont publiés aux éditions Gallmeisters.